vendredi

Chronique d'une Cettoise - 4 - Les surprises


20 centimètres.
Il s’en est fallu de 20 centimètres pour que je puisse m’asseoir sur mon canapé, tout beau tout neuf.
Il n’a pas franchi le seuil de ma porte.
Telle une mariée dans les bras de son époux… sauf que.
Ils ont tout essayé.
Quand je pense qu’avec un sourire béat j’avais vidé mon carton-canapé…
20 centimètres. Probablement moins.
On rembobine… un canapé plus petit –de 20cms- que j’aurai dans… va t’en savoir… puisqu’il faut le commander, celui-là, pour le coup… mais promis, ils devraient me prêter un fauteuil… en attendant… (je leur ai demandé de le choisir moelleux).
Retour à la case départ.
Non, j’exagère.
J’ai ma table, deux chaises –ils n’ont pas trouvé les deux autres qui normalement étaient au dépôt- et mon lampadaire.
Je le regarde, là, planté quasi au milieu du salon… sa tête au-dessus de… rien. Il a l’air vraiment stupide. Mais il est beau. Il faut juste que je trouve d’autres cartons à mettre dessous… c’est tout. 

Chronique d'une Cettoise - 3 - Les tests

Ce matin,  je me suis dit qu’il était temps de tester le super lave-sèche linge. Je n’allais pas attendre les heures creuses pour vérifier comment l’un et/ou l’autre fonctionnait, car même si je suis insomniaque, il ne faut quand même pas exagérer.
Linge mis (et il y a de quoi faire), notice en main… je tourne les boutons… tout me paraît bien, et j’attends (faut ce qu’il faut…) bip-bip-bip ! message erreur… haaaaa ? c’est quoi, ce bouton? ah oui, je n’ai peut-être pas sélectionné la température… re-notice… et je recommence, en m’appliquant davantage… bip-bip-bip ! Vous avez dit bizarre ? je dis bizarre. Mais il y a tant de programmes, que je me méfie… bip-bip-bip !….Je révise tout.  Refais étape par étape. Je ne vois pas où ça coince. Je feuillette le document-notice laissé par le propriétaire, en espérant qu’avec un peu de chance, ses photocopies ne se soient pas arrêtées avant les messages d’anomalies… ah voilà ! err1, err2, err3 etc…  voyons, j’ai quoi, moi, comme numéro?  ah oui, j’avais cru lire un « l » c’est donc un « 1 »… alors… «porte mal fermée». Je reste perplexe devant le hublot, bien fermé.  J’ai l’oeil aussi rond que lui. Je pousse un peu plus la porte qu’elle ne l’est déjà, enfin, j’appuie dessus, quoi… et voilà que la machine démarre !  Heureusement que je n’avais pas programmé un départ différé ! Vite, email au proprio… «petit souci… petit faux contact ?... bref, marche pas bien…». Charmant, il m’envoie copie de la facture d’achat (aaah, quand même !) et me dit de contacter Darty directement pour prendre rendez-vous. Jusqu’à samedi, j’appuierai donc sur la porte…
Mais tout va bien.
Ou presque.
Ça y est ! J’ai internet ! mais la télé, elle… « bande passante insuffisante… ». Par voie de conséquence, c’est moi qui repasserai.
Bien ! demain matin, en attendant mes meubles, je sais ce que je ferai… « allôôô, F...?»

Chronique d'une Cettoise - 2 - La découverte

Je croyais savoir où était Auchan. Hé bien, ce n’était pas là.

Par contre, j’ai vu un petit marché qui avait l’air fort sympathique…Mais maintenant que je SAIS où est Auchan, retrouverai-je le dit marché ?…

La journée a bien commencé… d’abord, l’eau chaude. Ai-je dit « chaude »? bouillante! Mais il y a ça de bien : ce sont des « robinets « qui peuvent « mémoriser » la température de l’eau. Une fois que c’est réglé, il n’y a plus qu’à redescendre le machin et c’est bon. C’est exactement ce que j’étais en train de penser avec délectation, quand j’ai pris ma douche ce matin. Jusqu’au moment où je me suis penchée en avant et ai tourné avec mon dos le dit robinet, dans un sens qu'il ne fallait pas… j’ai bien dit : bouillante! 

Or donc, balade à Auchan. Pas besoin de liste, mon frigo est vide. Il est du genre tellement vide que les parois se touchent. Je n’aimais pas faire les courses. Je confirme que ça n’a pas changé. Cependant, quelques différences… moins de monde (quoique…un lundi, c’est peut-être normal…), pas de queue à faire à la caisse…(bon d’accord, s’il n’y a pas de monde, c’est aussi normal…) et une caissière adorable. Je devrais aussi, dire que c’est normal… mais à Nice, j’ai perdu l’habitude d’entendre un clair «bonjour madame» dit avec un large et grand sourire. J’ai fait tous les rayons. Mon frigo est plein.

 Aujourd’hui, j’ai étrenné ma cuisine: les plaques vitro et la hotte aspirante. Installée sur mon canapé high tech’ (deux cartons pleins, une étagère démontée et un tapis de sol dessus, le tout recouvert d’une petite couverture moelleuse, c’est génial), mon plateau repas sur ma table basse design assortie (deux cartons pleins et un tissu madras en guise de nappe), et le tour est joué. Mais je vais être en manque de « cartons pleins » bientôt… c’est pour ça qu’il va falloir que je fasse un tour très vite chez Ikéa. «George» travaille bien (who else?) et avec un carré de chocolat noir, il est parfait.
Bon. Assez ri. 

J’ai rendez-vous chez mon nouvel assureur. Place…Delille. 
Je prends mon plan. J’ai beau regarder le carré « H18 » dans tous les sens, je ne vois rien. Soit. Vu le nombre de possibilités de «places» dans « H18 » je devrai bien trouver. 
Je dois aussi aller à la CPAM… qui, elle, est clairement indiquée. Je vais me faire un nouveau circuit touristique pédestre… je repère. Droite, gauche… ça va le faire. Je pars donc, plan en main. 
Quand j’ai traversé ce pont, j’aurais dû savoir que prendre une photo et tenir un plan étaient deux choses incompatibles. Le canal a donc accueilli mon plan… Mais comme j’avais tout mémorisé (…) je me suis dirigée sans faillir vers la CPAM. Rien. Et pour cause ! « ah mais elle n’est plus là ! ils sont du côté des Impôts! vous savez où c’est, les Impôts ?! »… euh… non. Ça doit être mon air ahuri qui rend les gens adorables pour m’expliquer où sont ces endroits magiques… J’ai fini par trouver. D’autant que c’est (quasi) en face d’un restaurant qui s’appelle « La Péniche » (jolie, d'ailleurs...) et qu’il va falloir tester à l’occasion… (c’est ma "guide" qui m’a dit qu’il n’était pas mal…).
J’ai, bien évidemment, racheté un plan. Mais pas de place Delille en vue. 
Je suis de celles qui demandent leur chemin. Bien m’en a pris. La place est à cheval sur les deux quais (pont mis à part –lui, il a un nom !-). Faut juste le savoir. 
Maintenant, je sais. 


Quand je pense que je n’aime pas marcher, je suis servie !

jeudi

Chronique d'une Cettoise - 1 - L'installation

J’aime bien voir ces poutres qui m’accueillent au réveil. Ça a un côté « campagne » qui me plait. L’eau froide a aussi un côté « campagne », mais ça, ça me plait nettement moins. Le cumulus ne s’est pas mis en route tout seul… il doit bien y avoir une sorte d’interrupteur quelque part, mais où ? au compteur ? que nenni. Au bout de 2 heures, assise sur un carton, je l’aperçois à côté de la porte d’entrée ! vu que le compteur ultra moderne est automatiquement mis sur heures creuses/heures pleines… je suppose qu’il ne se mettra en route que cette nuit… j’espère ! En attendant, j’ai ma bouilloire. La première eau chaude dispensée sera pour mon thé. Ô surprise ! je découvre une brick de lait dans un carton… quelques biscuits, le tour est joué. Je branche aussi «George»…pour mon petit café-d’après-thé. 

Et en avant les cartons ! c’est ahurissant le nombre de choses que j’ai pu emporter pour la cuisine ! Mes tasses à café… oups’ il me manque une soucoupe… elle a dû passer à la trappe avec le papier journal… Que deux (ou peut-être trois ?) assiettes cassées. Aucune importance. Le lave-vaisselle est chargé, programmé pour démarrer en heures creuses (va falloir que je m’y fasse), mais sans les grandes assiettes qui, stupidement, sont trop grandes pour y être à l’aise. Elles attendront demain. Pas de raison qu’elles aient droit à l’eau chaude de ma bouilloire. Tout est à peu près rangé. Pour la cuisine. 
Manque un peu de musique, là-dedans ! Qu’à cela ne tienne, j’ai pris la chaine stéréo de mon fils… j’ai un peu de mal à comprendre pourquoi j’ai pris tant de fils ou câbles… j’en ai un en trop ! Pour aujourd’hui, Nirvana sera en mono. Manque un « sucre » pour connecter le baffle droit. Tant que j’y suis, comme j’ai mon lecteur DVD, j’essaie de brancher la télé… héhéhé… oups' je n’ai pas F..., message d’erreur, ignoré sournoisement par la notice…mais je peux visionner des films ! « Holidays »… comment pourrais-je débuter ma nouvelle vie autrement qu’avec le sourire craquant de Jude Law. D’ailleurs, à ce propos, il faut que je pense à l’endroit où je vais mettre cette affiche Dior… et puis mes tableaux… c’est difficile, sans meubles. Mais je visualise canapé, tables et chaises. Ces dernières se font cruellement sentir par leur absence. Les cartons d’archives et de livres vont recevoir mes fesses pendant quelques temps ! C’est ma façon à moi de voir le mobilier contemporain.

Je range, plie les cartons vides… et j’attends désespérément que le cumulus fasse son travail. Chi va piano, va sano… mouais.
Pour la cuisine, c’est fait. Je n’ai pas l’habitude d’une cuisine toute équipée… est-ce que je mets ça là ? ou là ? qu’est-ce qui sera le plus pratique ? j’ai une vague impression que les choses vont changer de place…
Pour la salle de bains, tout y est ou presque. Je fais vite l’expérience de baisser l’abattant de la cuvette des toilettes : l’armoire à pharmacie est juste au-dessus…
Pour ma chambre, je vais ruser, et monter les penderies… vides…
Resteront le salon et le « bureau ». Mais comme je suis assise dessus…

Bon, c’est pas tout, mais c’est l’heure de l’apéro… alors, petit Pastis et chips. Quoâ, vous ne pensiez tout de même pas que j’allais oublier ça ! 
Demain, une dure journée m’attend : courses, courses et courses.
Mais à chaque jour suffit sa peine, et demain sera un autre jour !

Chronique d'une Cettoise - L'emménagement

C'est bien beau d'avoir un ordinateur... mais c'est mieux quand il fonctionne. C'est incroyable comme on s'attache à ces petites bêtes.
Vous n'alliez tout de même pas croire que je vous aurais laissé la langue pendante... si? pfff... c'est bien mal me connaître !
Mais, mais... j'ai tout noté !
Héhé... je suis sûre que le "Cettoise" vous a interpelés... Jusqu'en 1927, Sète était Cette (si, si...) alors, pour mon emménagement, je vous enverrai mes chroniques sous cette forme ! 

Bien. 
Nous commencerons donc, par le commencement... donc, par mon arrivée à Sète le 17 au soir... (après tout, vous aurez les autres jours sur "Chap 2", etc...)

Ce soir, j’ai fait la connaissance de Marie-Jo et Antonia.
En attendant mes deux déménageurs, qui déménagent surtout de la tête, je suis allée dîner dans un petit restaurant « Le Bouchon Lyonnais », à côté de la maison.
C’est vrai, j’aurais pu, pour ma première soirée Sétoise, manger « sétois ». Eh bien, non.
C’est Marie-Jo qui est aux fourneaux. Antonia est une amie qui est venue lui donner un coup de main et de cœur. Marie-Jo a perdu son mari il y a 3 semaines.
Le restaurant est simple.
Quand je suis entrée, il y avait une grande tablée d’une dizaine de personnes, qui riaient. Heureux d’être là, pour bien manger.
J’ai, bien entendu, demandé s’il n’était pas trop tard pour dîner… c’est la province ! non, je n’avais pas réservé. Etant toute seule, le repas serait vite terminé. Pas de problème.
Je m’installe et regarde autour de moi. La cuisine est dans le restaurant, genre cuisine américaine. C’est comme ça que j’ai vu Marie-Jo, le visage fermé.
Je me suis dit que si le dîner était bon, la patronne n’avait guère l’air aimable. Mais j’ai continué à sourire, je me suis levée, ai pris des papiers sur le comptoir, genre prospectus sur Sète, sur lesquels on peut lire les quelques activités à venir (j’en ai d’ailleurs repéré quelques-unes, fort sympathiques). Et c’est alors qu’elle a engagé la « conversation », après mon « je peux ? »
Le « vous n’êtes pas d’ici », a attiré un « non, j’arrive, je m’installe, je vais être votre voisine », et ainsi de suite. Je crois que c’est lorsqu’elle m’a demandé « vous êtes là pourquoi (ou quelque chose comme ça) » et que je lui ai répondu « changement de vie », qu’elle m’a dit qu’elle avait perdu son mari. Son visage est sombre. Elle s’affaire. Et elle a beaucoup à faire. A une pause, après m’avoir demandé d’où je venais, elle me dit d’un air entendu, que Sète, c’est « spécial ». Je sais que Sète, c’est « spécial ». Et elle s’approche de moi, baisse la voix pour pas qu’on l’entende… « les Sétois, ils sont très difficiles… ça fait 17ans que je suis là, et pourtant… ». Je sais, je la regarde en souriant, et elle sourit. Un grand sourire. Qui lui change le visage.
Je finis mon dîner et au moment de payer, elle me tend la main, en me disant « moi, c’est Marie-Jo, parce-que chez nous, on se prénomme, dans les restaurants », et je lui ai répondu «enchantée, moi, je suis Bénédicte». C’est en partant, qu’elle m’a présentée Antonia. « Vous reviendrez nous voir ? » Bien sûr.
Je suis repartie vers ma nouvelle maison. Encore vide –et froide-. Les déménageurs n’arriveront finalement qu’à minuit passé. Ils râlent. Moi aussi. Ils sont fatigués. Moi aussi. Quelques-unes de mes affaires sont montées dans ma chambre. Je n’ai qu’une hâte, c’est de les voir partir. Je ne suis pas contente ni de leurs gros bras ni de leurs petites têtes. Et puis, je veux être chez moi. Ça y est. Je fais mon lit, par terre. Veux aller prendre une douche…mais pas d’eau chaude. Il doit y avoir quelque chose de particulier à faire pour mettre en route le cumulus. Mais quoi ?
Demain sera un autre jour….