mardi

Chronique d'une Mam....


Un sourcil froncé m’accueille…me voilà fixée pour la journée qui s’annonce…
Premier tête-à-tête de 8 heures, que dis-je, presque 10 heures d’affilée avec un petit bout de 11 mois qui a d’ores et déjà l’intention de me mener par le bout du nez, qu’elle a fort joli d’ailleurs.
Me voilà reportée 28 ans en arrière…
Sur la table, j’ai 3 pages de programme et de conseils d’amour. Comme celles que je laissais à la jeune fille qui gardait sa mère… j’aurais pu faire des photocopies…
Tout est prêt pour la journée. Les biberons, les petits pots, les vêtements. Tout. Magnifique.
Maman est déjà partie. Papa s’en va, stressé, me laissant Choupinette dans les bras. Et Choupinette me regarde le sourcil froncé.
On va mettre de la musique. Pas Elton John ni les Beatles et encore moins les Pink Floyd. Mozart ne marchera pas non plus… enfin, pas en V.O. Par contre, juste quelques notes, façon xylophone, répétées environ 15 ou 20 fois, feront l’affaire : le regard est maintenant détendu. Mon estomac le devient.

Nous allons pouvoir passer  à l’étape suivante : habiller Choupinette. Toute jeune fille respectable ne peut rester en grenouillère, gigoteuse ou « turbulette » toute la journée, si douce soit-elle…. A peine assise sur la table à langer, des hurlements déchirent mes tympans. Des petits bras se tendent vers moi. Des yeux cockérisés me regardent. Je flanche. Je berce. Je re-pose. Même combat. Je commence un semblant de déshabillage… hurlements. L’affaire est mal partie. JE suis mal partie. 
Dans ma tête, des tas de pensées se bousculent : « tu verras, les grands mères, elles peuvent se permettre des tas de choses, c’est cool, elles sont pas là pour élever les enfants, ce sont, les parents… », 
et puis « mais il fait frais, aujourd’hui, elle doit être si bien dans son truc, c’est si moelleux… et puis, j’ai pas envie de la mettre à poil, moi… » et enfin, enfin, je me dis que si je lui passe ça, je suis cuite pour la journée et probablement pour le reste de nos jours à venir et que je n’arriverai plus jamais à me faire obéir.... Pleure Choupinette, fronce le sourcil, Choupinette… je tiendrai bon. 
J’essaie de trouver des diversions bêtifiantes qui lui font lever -à défaut de le froncer- le sourcil… au moins ça a l’avantage de le lui faire changer de direction… et la voilà habillée. 
Nous sommes prêtes à jouer. Initialement, j’avais prévu « elle ». « Elle » a décidé « nous ». Elle attrape sa tétine, la met à la bouche puis me la tend. Je prends. « Merci ». C’est vrai, quoi, faut leur apprendre tôt ces choses là… deux fois, trois fois, puis visiblement, veut que je la mette à la bouche. Je fais semblant… au bout de 15 mercis, je vais chercher une deuxième tétine et me la mets dans la bouche…et elle se met à rigoler. Tu parles !
Mais quand même, je suis contre le fait de garder la sucette tout le temps à la bouche…donc, je l’ai enlevée assez vite… à elle aussi, veux-je dire… et après avoir applaudi à chaque exploit de menotte tapant à l’endroit désigné sur un piano à 5 touches multicolore, destination…parc ! 
Je souffle.
Je lis le papier-emploi du temps pour savoir quand est prévue la sieste… elle dort bien de temps en temps, non ? « si elle dort 1h à chaque dodo, c’est un miracle !». Je relis tout le paragraphe, pour voir s’il y a plusieurs épisodes de « dodo ». Euh…non...pas beaucoup de « dodo ». Mais alléluia…on y arrive ! par je ne sais quel miracle (et là, c’en est un !), elle préfère jouer dans son lit… ne plus m’avoir en ligne de mire…elle finira par plonger dans un doux sommeil (ou pas ?) au moment  qu’elle choisira.
Pause…calme…repos… et ça repart !

Il est où le papier ? il est où ce papier ? Dessus il y est indiquée l’heure du déjeuner… même si c’est approximatif, ça me va. Quant à elle, n’en parlons pas !
Un coup de « je-te-change-comme-ça-ça-t’occupe » et nous continuons notre périple.
J’ai pris l’avion, enfin, la petite cuillère, moi, je ne faisais que piloter… mais nous avons fait des atterrissages en douceur et les passagers sont arrivés sans encombre et entiers (je suis navrée, mais ce n’est pas toujours le cas - il y a parfois des explosions à l’arrivée -)... Ahhhhh….. Elle est repue.
J’ai faim. A mon tour. Elle me regarde me préparer mon repas, un sourire béat aux lèvres. Moi aussi. Ca y est. C’est prêt. Je la vois se gonfler. Rouge. Une fois. Deux fois. Trois fois. Ca y est. Ça aussi c’est fait. Un nouveau coup de « tu-me-changes-comme-ça ça-t’occupe » et ouf... Je me pose. Elle est à côté, me regarde déjeuner, deux jouets à la main, qu’elle envoie par terre l’un après l’autre sans s’arrêter. Ni de jeter, ni de sourire. Mais un grand bâillement suit deux petites mains frottant des yeux fatigués… je vais pouvoir prendre mon café…

Une heure…deux heures…deux heures et demie…mais qu’est ce qu’elle a raconté ma fille que c’était le bout du monde si Choupinette dormait une heure ? Avec moi, moâ, elle dort. Et elle se réveille bien : des gazouillis. Je vais la chercher, tranquille… euh…les gazouillis se transforment en pleurs vite fait et ma tranquillité n’est plus ce qu’elle était…Papier ma brave dame, papier….GOUTER ! vite ! vite ! je lui fais chauffer son biberon de Blédine (ça doit être pas mal ça…), elle bat des mains…et en avant…je n’ai même pas le temps de m’installer sur le canapé avec elle qu’elle a déjà attrapé le bib’ ! incroyable… elle doit tenir ça de son père… sur le papier, il y a marqué « elle n’en prendra probablement pas plus que 100ml ». Je veux bien. N’empêche que les 250ml y sont passés en deux temps trois mouvements….il a même fallu tirer le biberon, elle était en train de faire du vide à l’intérieur tellement elle tirait sur la tétine… « si tu veux, tu peux lui donner un peu de compote… » …ben…elle, elle louche sur le pot de compote qui était déjà dans ma main, en prévision du biberon 100ml…  elle va exploser, cette petite… je l’assieds, sur mes genoux, elle pose la main sur le pot de compote, puis lève les yeux vers moi et me sourit victorieuse. Elle n’a pas explosé. Les papiers….vraiment n’importe quoi !

Après lui avoir encore appris un tour qu’elle se fera un plaisir de faire découvrir à ses parents à l’occasion, Choupinette et moi mêlons littérature et apprentissage de la morphologie humaine. Son pied arrive très facilement près de sa bouche… et ses petits doigts trop facilement dans mon nez…et ils le serrent, mais serrent…oh ben tiens, maintenant que j’y pense, c’est aussi un moyen de montrer où sont les yeux : ce sont ces machins qui pleurent quand des petits doigts etc, etc… mais est-ce que sa mère sait lui couper les ongles ?
Allez, lui dis-je, dans 5mn, papa et maman sont là…Je n’ai quasiment pas le temps de finir ma phrase que j’entends la clef tourner dans la serrure. En un instant, je vois le bonheur dans trois visages illuminés et trois paires de bras tendus. Choupinette se tourne vers moi avec un large sourire… ça valait la peine d’attendre, hein ?

Chronique du sourire

Et me voilà partie ! bien décidée à charmer tous les agents immobiliers de la planète et plus particulièrement ceux de Sète…  ce qui serait déjà pas mal… et heu… peut-être plus à ma portée.
J’ai une nouvelle robe, écrue… elle est… non, pas affriolante, non… (pourquoi, tout de suite, vous allez vous imaginer des choses, c’est fou, ça !), non, simple, mais chic. Et puis, faut dire qu’elle est bien portée… chaussures et sac assortis : rouge. Ca pète !
J’ai bien pensé qu’après 4 heures de route j’arriverais un peu froissée… alors, à Nice, quand je me suis assise dans la voiture, j’ai bien tiré la robe sous mes fesses et n’ai plus bougé d’un iota…jusqu’à Sète. Rien. Pas un arrêt. Pas un pli, j’ai fait. Enfin, je crois… enfin…derrière… parce que sur le ventre, coté cuisses, c’est pas tout à fait ça, je n’y avais pas pensé… tant pis.
Mon rendez-vous principal est à 16h. J’arrive, tranquille, pour déjeuner, certes un peu tard, car il est quand même deux heures de l’après midi.
Bon, parking public… les autres c’est mauvais plans…surveillance vidéo…badaboom…au bout d’un quart d’heure, PV c’est du sûr, j’ai vérifié auprès d’un autochtone… allez…un brin de rouge à lèvres…et en avant ! j’ai faim !
Mmm… une de mes jolies places… il y en a au moins 4 qui se succèdent, alors je peux faire plouf plouf, elles me plaisent toutes les 4… et je m’installe, après avoir demandé, œil rieur, tête légèrement inclinée, et laaaaarge sourire si je pouvais encore déjeuner à cette si heure tardive… « Mais bien sûûûr ». Décidément, cette robe me va bien… (je doute fort que ce soit le sac…). Service impeccable. Pour une brasserie bof, elle mérite une étoile au Guide Bénédicte pour le service.
« Ca va, la cuisine ? un peu grasse, hein ? ». Le serveur passe et re-passe autour de moi, vérifie chaque fois que tout va bien. Un rêve. Un dessert ? une glace ? « Oh, vous pouvez vous permettre toutes les glaces, vous êtes si mince… » et des sourires jusque derrière les oreilles. L’addition ? Trois boules de glace au lieu de deux, le café offert…
Faut pas que je la tache… faut pas que je la tache… faut pas que je la tache…
Ah, on y arrive… « C’est bientôt fini les vacances… ? »
- et bien non, en fait je cherche à m’installer sur Sète.
- ah ben moi, je viens de m’y installer, je viens de… (heu…d’où déjà ???)
- oh c’est bien… moi, je cherche un appartement à louer. Un deux pièces.
- ah mais j’ai une copine, elle aurait un appartement,  juste là, qui donne sur les quais… mais faudrait revenir vers 18h30, 19h… en général, elle vient pour l’apéro…

Un appartement sur les quais, un apéro sur une place ombragée, comment je peux refuser, moi, hein ?
Demain, première heure, je porte ma robe au pressing.

lundi

Chronique de voyage

5 Aout. Minuit.
Non, ce n’est pas l’heure du crime.
Rendez-vous est donné avec mes 4 petits d’jeunes (petits, petits…, c’est vite dit…) devant l’hôtel Novotel à Nice.
L’un d’eux, Charles, le plus âgé, y travaille, jusqu’à minuit, et les autres, ont décidé qu’il était plus simple de l’y rejoindre.
Le plus jeune, Thomas, long garçon de pfiou… il n’en finit plus… d’ailleurs, je suis sûre qu’il n’a même pas fini de grandir tellement il est jeune…, il a un joli visage d’adolescent dont les joues n’ont pas encore vu de rasoir.
Entre les deux, nous avons John, qui est supposé être le plus responsable puisque père. Célibataire, certes, mais père tout de même,
Et enfin, Thibault, l’éclopé. Car mon fils est toujours éclopé.
Je retrouve à 23h55, ces deux derniers gaillards, avec…deux valises (une genre moyenne grosse, et l’autre genre moyenne à tendance petite), un sac à dos, un spécial ordinateur portable. Heureusement qu’ils ne partent qu’une semaine ! et de débattre du nombre de caleçons emportés…
Et moi de penser qu’il y en a encore deux autres qui doivent arriver avec armes et bagages…surtout bagages… et que mon coffre est loin de ressembler à celui d’un 4x4.
Arrive le « bébé », avec une valise… la vraie de vraie, pas pour de rire celle-là, pour le coup. Oups’ … et qui regarde ses copains d’un air nonchalant « ah oui, mais moi, je pars 2 semaines, vous avez oublié ça, les mecs ! »… euh…oui…
« Thibault, nous risquons d’avoir de sérieux problèmes de logistique…il manque encore quelqu’un…»
« Mais non ! on en mettra avec nous !!! »
euh…oui… nous sommes 5 dans la voiture… et 5 adultes… enfin… bon, admettons… 4 adultes ½ si on me compte comme demi-portion, admettons…
Arrive le 5ème larron. S'ajoutent donc un bon gros sac, plus un sac de couchage et un sac de victuailles « pour la route ». Ah oui, ça pour le coup, celui là, il sera avec nous…
Le coffre ? un puzzle… un de ces jeux « casse-tête » où tout doit s’emboîter… et moi qui avais hésité, avant de partir…  « leur laisserais-je un bidon d’huile ? du liquide de refroidissement ? par sécurité ? oh, non, elle sort de révision… » tu parles ! il ne serait pas rentré un paquet de Kleenex (pas la boite, j’ai dit…un paquet…).
D’ailleurs, le gros sac de voyage, et les deux sacs à dos (bah oui, quelle idée, il faut que je m’habille pendant une semaine !) ils ne sont pas rentrés eux non plus. Pas grave ! Ils gèrent !
Le Charles, aux taquets, a décidé de prendre le volant, ce qui me convient. Tous ont décidé que je me mettrais devant, à côté. Siège avancé au maximum, provisions, sacs à main (il n’y a pas que moi qui en ai un…) dans les pieds… genoux dans le menton. Nickel chrome. Nous décidons, avec Thomas, le grand échalas, que nous serions en binôme : moi devant, lui derrière ou inversement…
Derrière, nous avons dans l’ordre, John, Thibault et Thomas. Dans leurs pieds les sacs à dos. Sur leurs genoux le gros sac incasable et qui leur arrive jusqu’au menton ou pas loin.
La famille Fenouillard mâtinée des Pieds Nickelés part.
Vitres ouvertes… zique à donf’ … ambiance boite de nuit… 
Bien entendu… pas un instant n’échappe à l’œil de nos metteurs en scène en herbe, qui ont caméra au poing depuis le début.
Au fur et à mesure que les heures passent, tout doucettement, le calme s’installe, la musique redevient normale… audible… ou inaudible… avec de temps en temps, une taquinerie tout de même... : l'un d’entre eux a eu la riche idée de faire la fête et se coucher à 5h du matin, et qui donc, s'endort… et ne doit pas dormir… alors, régulièrement, d’une musique normale, nous passons brutalement à une musique digne des boites de nuit les plus à la mode… vive David Guetta ! manquent les rayons laser… !
Petite pose dinette, avec sandwiches, coca, chips,… ils ont même prévu… vodka - redbull  pour l’arrivée à Barcelone… ! (enfin, j’ose espérer pas avant). Un coup de barre, et ça repart ! le même scénario en pointillé… si ce n’est que nous inversons nos places, Thibault et moi. Mes deux jeunes ont un peu plus de place pour leurs fesses, c’est déjà ça… et je pique du nez. Aux abords de Sète, Thibault me réveille. A peine plus de 4h du matin. Nous voilà dans la campagne. Mes citadins se demandent s’ils ne sont pas perdus… « ça existe…ça ?»
Le petit village de Pomerols nous accueille. Ils restent dehors, avec leurs cigarettes. Se dégourdissent les jambes. Les rires sont quand même un peu nerveux.
John sort son GPS tout beau tout neuf qu’il veut étrenner. « Ca ne capte pas ici » lui dis-je.
« Mais si ça capte ! il capte tout ! » me dit-il d’un ton assuré… il ne faut jamais contrarier ceux qui savent tout. Au bout de 5 bonnes minutes, il abandonne, regarde ses potes en disant « ça capte pas ». Bah oui. 1% de fois où j’ai raison. Parfois plus avec les d’jeunes.
Ils sont heureux de m’avoir enfin larguée…ouf…de la place…pour le sac…
Béné, on passe vous reprendre au retour ?
- Ah non ! dit Thibault…ça va bien comme ça ! l’aller oui, mais pas le retour !
…. Peut-être que j’aurais dû calculer…faire en sorte que mon plein ne les mène pas jusqu’à la prochaine pompe à essence… scrogneugneu…