dimanche

Chronique de Printemps


Il y a une longue route, toute droite, entre Sète et Marseillan.
Il y a d’un côté la voie ferrée, et de l’autre la Méditerranée.
Elle n’est pas spécialement belle. Je dirai même plus, presque moche.
Pour des raisons écologiques, des roseaux ont été plantés de part et d’autre.
Côté mer, pour éviter que le sable ne parte et que cela ne fiche en l’air notre fameuse biodiversité et côté voie ferrée… pour cacher les trains.

Il y a un peu plus de 10 jours, je les avais déjà vues, là, sur le côté.
Hier, je me suis dit que je ne les reverrai sans doute pas.
Elles sont si petites, si fragiles, et le vent, ici, souffle parfois si fort.
J’ai commencé à rouler, me remémorant cette joie mêlée de douceur que j’avais éprouvée en les voyant… et soudain, elles étaient là.
Des jonquilles.
Parmi les détritus, les bouteilles en plastique, et autres canettes de n’importe quoi jetées par… peu importe…  elles étaient là. Petites têtes jaunes se balançant au gré du vent.
Des centaines.

Il est possible qu’elles aient été plantées là par une municipalité bienveillante. Je me plais à penser que quelques abeilles ont fait le nécessaire pour les multiplier encore et encore…

Les jonquilles ne sentent peut-être rien.
Mais quand je les vois, je revois ma mère faisant ce bouquet... jonquilles et iris…
Pour moi, elles auront toujours le parfum du printemps.




samedi

Chronique hospitalière


- Vous dormez ?
- mmmm….
- C’est bien, continuez…

Ça c’est toutes les 2 heures, quand on est à l’hosto. Les infirmières viennent vérifier que "tout va bien"
Sachant qu’il me faut plus de 30mn pour me rendormir… j’aime les infirmières.

- c’est vous qui avez ouvert la fenêtre ?
- oui
- vous n’avez pas froid ?
- non
- ah bon… rendormez-vous…

Il fait chaud.
Ma chambre donne sur les quais. J’ai ouvert la fenêtre, l’air frais m’aide à m’endormir, blottie sous la couverture.
Et forcément, j’attends ma demie heure…
C’est agréable, j’aime bien le bruit des mouettes, même s’il est criard. J’ai l’impression d’être en vacances.
- grouiiiiiiikkkk
- grouinnn
- grouiiiiiiikkkk
- grouinnn
le « grouinnn » répondant plus ou moins rapidement au « grouiiiiiiiiiikkk ».
Je pense à ces (rares) promenades en forêt où je m’amusais à imiter le sifflement d’un oiseau pour voir s’il me répondrait.
Et je souris intérieurement.
C’est alors que les grouiiiiiiikkkkk s’accélèrent….
Je me lève, écarte le rideau, et vois deux mouettes s’aimer.
Interrompues dans leur élan, tout s’arrête. Elles se séparent et me regardent. Chacune. Longuement.
Je suis une « voyeuse ». Indiscrète. Gênante.
Elles finissent par aller, chacune de leur côté, comme deux amants que l’on aurait surpris en pleine infidélité.
Je ferme la fenêtre.

Oui, les mouettes montent au septième ciel quand elles s’envoient en l’air.