dimanche

Chronique de mariage forcé

Il a plu. A torrents. Des litres et des litres d'eau.
Un texto général...
- Je suis effarée par les infos... donnez-moi des nouvelles.... ?
- Maman n'est pas chez elle.
Maman. 87 ans. Mariée de force avec un certain Aloysius, qui devient de plus en plus envahissant. 

- Maman a disparu. J'ai regardé partout. Rien. Son lit est fait. On ne sait pas quand elle est partie.

Il y a quelques jours, maman m'avait déclaré qu'elle venait d'emménager dans ce nouvel appartement qu'elle habite depuis plus de 30 ans.
Elle avait pensé que je devais avoir des dons de voyance, puisque je le lui avais décrit... mais que c'était sûrement dû au fait qu'elle habitait désormais au 5ème et dernier étage de son immeuble, qui en compte 9.
Mais elle est contente, il ressemble à celui qu'elle habitait avant. C'est déjà ça.

- La cave ? tu as pensé à la cave ? peut-être s'est-elle crue pendant les bombardements ? elle aura voulu se mettre à l'abri ?
- Non, elle n'a pas les clefs. On ratisse tout le quartier.

Ratisser. Le terme est choisi. Il est tombé des trombes d'eau. 16 morts, 4 disparus.
Je regarde les informations, les images tournent en boucle, de l'eau, de l'eau partout. De la boue, des branches, des voitures en travers.
"On ratisse tout le quartier".
2 heures après, nous avons appris qu'elle était à l'hôpital depuis 8h du matin.
Trouvée à plus de 3 kms de chez elle, en pantalon, chemise et pantoufles, les pompiers l'avaient emmenée à l'hosto.

Elle n'avait oublié ni ses lunettes, ni ses clefs. 
Des lunettes qu'elle ne met pas, parce-qu'elle estime qu'elle y voit.
Et les clefs d'une maison dont elle ne connaît plus l'adresse.