dimanche

Chronique d'une Cettoise - 5 - La bricoleuse

Je m’étais dit "aujourd’hui, tu n’ouvres pas ton ordinateur"... C’est vrai, ces petites choses sont chronophages... et le temps, c’est important, c’est de l’argent... Dans mon déménagement, outre mon lit, trop haut, ma commode et ma lampe, j’ai embarqué avec moi un bahut (dont l’étagère fait un siège très efficace) et un petit bureau d’écolier, qui me servait de secrétaire.
Dans ma ferveur de changement, ayant vu à quel point un simple meuble de cuisine pouvait changer d’allure une fois «bombé» en argent, il était devenu évident que mon secrétaire en pin, serait «bombé» en laqué blanc.
J’ai donc acheté 2 bombes de peinture. 13 ou 14 euros l’une.  Vu la taille du bureau, c’était largement suffisant.
En prévision de la chose, j’avais pris la précaution de garder moult Nice-Matin, de façon à protéger le sol d’éventuels je-ne-sais-quoi... j’avais attrapé aussi de grands, très grands sacs poubelle, pour jeter les Nice-Matin, bien évidemment.
Equipée d’un pantalon de jogging, en pantoufles (assorties, on ne perd pas sa féminité, tout de même...), de gants de chirurgien (c’est mieux pour sentir vraiment les objets...), je me suis donc mise à l’ouvrage cet après-midi.
J’ai poussé mon canapé –oui, enfin, quoi, mes cartons...- ma table «basse» Ikéa, et ai jonché le sol du salon de feuilles de Nice-Matin. Au dernier moment, j’ai regardé mon meuble TV, puis les sacs poubelle... et prudemment, j’ai recouvert le premier par les seconds.

Les magasins de bricolage sont faits pour les gens initiés. Je me comprends. Quand on achète une panoplie de Batman à un enfant, il est clairement indiqué sur la boîte qu’il ne faut pas tenter de voler avec, que ça ne marchera pas.
Je suis de celles qui lisent les modes d’emploi. D’autant plus que celui de la bombe fait 10 lignes.
Après avoir résisté 5 bonnes minutes (l’ouverture est facile...), cette bombe allait transformer mon bureau.
Arme en main, sourire aux lèvres, j’étais prête pour le combat... d’autant que le nom du vainqueur était déjà connu...
J’ai beaucoup d’admiration pour les taggeurs. Outre leurs talents parfois indéniables de dessinateurs, ils ont une force dans l’index qui force le respect.
J’ai appris aussi que le pin vernis buvait la peinture comme du petit lait, un chat... Mais, mais, j’y suis arrivée. A passer mes deux bombes.
J’ai regardé mon oeuvre... il m’en faudra... trois ou quatre autres... le secrétaire ayant plus l’air d’être en cérusé loupé qu’en laqué, et les tiroirs étant toujours en version originale.
Les femmes devraient toujours mettre du vernis à ongles. Pour avoir du dissolvant à portée de main... c’est utile pour enlever les gouttes de peinture tombées sur le carrelage... (pile là où le Nice-Matin n’était pas)... et celles laissées par les pas des pantoufles pour aller chercher le-dit dissolvant... mais je dois reconnaître que, puisque pris à temps, ça a été facile. A quatre pattes, coton en main, tout est parti.
Y compris celles laissées dans mes cheveux.
Oui, tout est parti.
Sauf la fine pellicule de poussière blanche qui s’est collée au jogging (sur le bleu marine, c’est du plus bel effet).
Me voilà donc partie, en chaussettes, troquer mon coton d’acétone contre mon balai et sa pelle.
Partout. Il y en avait partout. Cette fine, très fine pellicule blanche recouvrait tout le sol. Salon, salle à manger, jusque dans le couloir de la salle de bains. Après 3/4 d’heure de balayage soutenu, il m’a paru évident de passer une serpillère.
Pour plus de sécurité, et à fins de vérification, je me suis mise à quatre pattes  pour le faire. Avec soin.
Ça y était. Enfin. J’avais terminé. Debout, satisfaite, j’ai pu regarder mon oeuvre.
C’est alors que j’ai vu les traces blanches faites par mes chaussettes et mon jogging.

Mon bureau en cérusé loupé trône au milieu du salon et regarde la télé.
Je suis devant mon ordinateur. Je vais bientôt le fermer et feuilleter le catalogue Ikéa... celui qui propose des bureaux en laqué blanc à 70 euros ou presque, et que l’on arrive à monter en 3 heures si on s’y prend mal.