dimanche

Chronique d'un orage annoncé



Quand je suis sortie ce matin, il faisait gris. J’ai embarqué mon parapluie.
Le temps de faire quelques visites nécessaires, surtout aux Halles, et une petite pluie fine m’accompagnait pour revenir à la maison.
Ce n’était pas de la bruine, non, juste cette petite pluie qui nécessite l’ouverture du parapluie, mais seulement une fois de temps en temps, parce qu’elle s’arrête…puis repart tout aussi doucement mais suffisamment pour mouiller.
Il faisait un peu frais (l’humidité) et bien entendu, je n’étais guère couverte. C’est essentiellement pour cette raison que je suis restée au chaud cet après-midi, jusqu’à… ce que je réalise qu’il fallait que j’aille à la pharmacie. Impératif.

Je viens de prendre un cours de physique sur le terrain.
Sachant que ma pharmacie est située à trois pâtés de maison de chez moi, et que les rues sont en pente –très en pente- et ce, quel que soit le sens des rues (c’est ça, d’habiter à flanc de colline), quand il pleut, il s’agit d’être bien chaussée et bien protégée.
J’ai des chaussures « spécial bateau »… et ma foi, pour le reste, le parapluie suffit.

Quand je suis arrivée au premier carrefour, je me suis dit que j’avais bien fait de mettre ces chaussures là. Mais que, par contre, mettre une veste plus imperméable aurait vraiment été  plus judicieux.

Au deuxième carrefour, je me suis rendue compte que l’eau descendait très vite du haut de la rue. Pardon, des rues. Autant celle sur ma droite que celle sur ma gauche. Les virages peuvent être pris en douceur. Là, c’était du genre houleux avec écume.
La croix verte de la pharmacie est devenue mon phare.

Au troisième carrefour, bien que mes chaussures aient eu une « tendance » à faire floc floc (si, si, les pieds entendent), je me suis très largement appliquée à sauter les énormes mares (pour être franche, je ne sais pas si à ce stade, on peut encore appeler ça des mares), pour éviter le plus possible de…
Mon phare vert, mon phare vert… j’y suis arrivée.
J’aime bien mon pharmacien. Toujours souriant. Il l’était beaucoup moins quand il a fait la sauvegarde de son ordinateur.
Des trombes d’eau.
Il a bien fallu repartir.

Premier carrefour. Ah, mais oui, c’est la rue qui… hé oui, ils font des travaux plus haut… une joyeuse coulée de boue, certes fluide, mais boue quand même, dévalait la pente, entrainant tout sur son passage.
Rusée, je me suis dit que j’allais rester dans la même mouvance, ne pas traverser, après tout, pourquoi passer par « en haut » quand on peut le faire par « en bas » ?

Première leçon de physique : plus elle descend, plus il y a d’eau, et plus elle va vite. Et, de façon accessoire, en profite pour attraper sur son passage de plus en plus de choses –c’est beaucoup plus drôle- .
C’est ainsi qu’au carrefour plus bas, il y avait beaucoup de… tout. Disons que le chantier plus haut devait être nettement moins encombré.
Je traverse (il le fallait vraiment) et continue mon chemin.
Deuxième carrefour. Ah, mais oui, là aussi, c’est vrai… ils ont entamé des travaux de rénovation de façade… et j’avise le trottoir de l’autre côté, la dite rue finissant son chemin là où j’étais.

Je n’ai jamais été championne de saut, ni en longueur, ni en hauteur. Ça n’a donc pas été « hop ! » mais « hop-eurk ! ».

Deuxième leçon de physique : je n’oublierai plus jamais qu’en cas de forte pluie, il est inutile de vouloir s’abriter sous d’éventuels stores bienveillants… la priorité est de marcher sur le trottoir le long duquel des voitures sont garées.
La première voiture qui est passée, j'ai fait un genre "olééééé"
A la deuxième, je me suis collée à la paroi de l'immeuble
C'est la troisième qui était pressée de rentrer chez elle qui m'a aidée à finir mon cours de physique. Donc...

Troisième leçon de physique : à moins d’avoir une raison particulière du genre vengeance, rouler lentement pour épargner les pauvres imbéciles qui ne marchent pas sur les « bons » trottoirs.

Mes chaussures « spécial bateau » sont en train de sécher. Elles ne sont pas étanches, c’est le moins qu’on puisse dire, mais après tout, elles ont fait leur boulot : m’empêcher de glisser.
Mon jean aussi est en train de sécher.
Ma veste aussi…

Je m'en vais me faire un grog pour me revigorer. Manquerait plus que j'attrape un rhume et que je doive retourner à la pharmacie.