samedi

Chronique d'un (nouveau) déménagement

Qui dit déménagement, dit nouvel appartement, et nouveaux voisins.
J'avoue que la "translation" a été difficile. Mais j'y suis. Et j'y suis bien. Même si tout reste à faire.

Je ne connais pas bien mes voisins directs. En plus, je ne suis plus physionomiste (je l'ai été, fût un temps). Je pourrais les croiser dans la rue, je ne les reconnaîtrais pas. Gênant.

Par contre, j'observe les deux petits jardins que j'ai sous mes fenêtres.
Juste sous mon balcon, après avoir été en friche, tout a été désherbé. Un jardinier a dû passer par là.
Mais rien n'a été replanté.
C'était trifouille avant, ça l'est toujours. Sauf que c'est désherbé.

Celui qui est un peu sur la gauche, je l'ai "suivi"...
Une jeune femme s'en est occupée. Dos plié, cassé. Elle a enlevé toutes les mauvaises herbes et a planté.
D'abord, ce qu'il fallait: basilic et autres herbes aromatiques, tomates, puis graines de courgettes, et... des tournesols.
J'ai compris comment et pourquoi, les chants des grillons avaient supplanté les cris des gabians. Ce qui n'est pas rien : le port est à côté !
Depuis quelques temps, les graines de courgettes ont poussé...et les feuilles se sont mises à courir et à recouvrir le petit jardin, avec, ça et là, des fleurs que j'aurais bien chipées pour les mettre dans mon assiette !
Les tournesols sont maintenant bien droits -ou à peu près, car leur tête est lourde- et grands, et ils s'offrent au soleil avec un bonheur absolu.
Mes yeux se régalent.
...
J'ai hâte qu'elle rentre de vacances, enlève les mauvaises herbes apparues pendant son absence, qu'elle prenne les courgettes et ces fleurs tentatrices, et qu'elle me laisse regarder encore et encore ses tournesols et ses lavandes, avant qu'elles de partent, marquant ainsi la fin de l'été.
...
Nous sommes à la fin de l'été.
Ô stupeur ! les plants de courgettes ont été arrachés !! sauf un petit bout... en fait, il y a une belle courge qui s'était cachée sous les feuilles. Elle a échappé au massacre.
Je vois mes jolies fleurs jonchées sur le sol. Adieu beignets...

Et juste sous mon balcon, que je voyais bien net... il est devenu encore plus vide.
Les trois chats -parce que ma voisine en a trois- qui avaient pris l'habitude de se mettre à l'ombre bienfaisante d'une plante qui retombait joyeusement, sont désappointés autant que moi, déçue. La plante a disparu.
Pourtant planqués, ils se faisaient attaquer par les gros matous loubards de la résidence.
On n'est jamais à l'abri de rien.

Chronique d'une leçon

Quelle leçon.
Il y a quelques temps maintenant, Simone Veil est morte.
Elle s'est battue, pour sa vie, pour les vies des femmes, et, oui, pour les vies des enfants.
Parce-que, quel bonheur d'avoir un enfant désiré !
Et pour les mères. Et pour les enfants.
Le bonheur des enfants passe par celui des parents. C'est comme ça.

J'écoute sa biographie, et, une fois de plus, la vie de cette femme m'épate.

J'en étais restée à la ministre, à la loi Veil, à l'IVG.
J'avais oublié qu'elle avait été la présidente du parlement européen.
Nous pouvons prendre des leçons.
Qu'une dame, elle, la juive, ayant vécu -le terme est choisi- les horreurs des camps de concentration allemands, puisse tendre la main à nos voisins allemands.
Peut-être bien que les pères de ceux qui ont voté son élection faisaient partie des tortionnaires.
Elle s'en fichait. Elle était au-delà de ça.
Chapeau bas.

Et puis, j'avais aussi oublié qu'elle faisait partie de l'Académie Française.
Elle était sur le fauteuil de Racine. Elle, celle dont on avait arraché les racines.
Et sur son épée, emblème de bataille s'il en est, elle avait choisi deux mains enlacées, et fait graver son matricule.

Alors, Madame, avec vous, le terme d'"Immortelle" prend tout son sens.