J’avais promis une chronique sur les visiteurs. Il
est temps.
Alors, s’il existe les « brèves de comptoir »,
je ferai les « brèves de musée » et pardon pour la succession des
anecdotes.
Un monsieur entre dans la salle de l’exposition. 1ère
salle.
- Où est la sortie ?
- …
- J’en ai vu assez !
Et de traverser le musée au pas de course.
Une guide –je le précise, pas celle du musée (très
important) - encadrant un groupe de touristes :
- Vous voyez, ici, il y a de l’espace qui est vide,
sans être vide, mais qui n’est pas vide.
- C’est vous qui êtes là pour la visite ?
- Non monsieur
- Ben vous servez à quoi, alors ?
- Je suis là pour surveiller les tableaux, monsieur
- Ben, vont pas partir, les tableaux ! vous
servez à rien, alors !
Après un renseignement donné à un visiteur :
- Merci Mr Valéry.
- Mais je ne m’appelle pas Valéry
- Ben, c’est marqué sur votre polo…
(nous avons des polos avec le logo « Musée
Paul Valéry »)
Dans le même esprit, nous avons eu un « merci
Paul ».
Il faut savoir que les photos sont interdites pour
l’exposition temporaire, les œuvres n’appartenant pas au Musée. Question de
droits d’auteur, question de… peu importe, c’est interdit.
Donc, dans la série « excusez-moi,
monsieur/madame, mais les photos sont interdites au 1er étage »,
nous avons :
- Je me prends en photo
- Je sais, mais en bas c’est marqué avec un
appareil photo, mais pas avec un portable.
- Je ne prends pas de photo, je filme
- Je prends mes enfants, ce n’est pas marqué qu’on
ne peut pas photographier ses enfants !
- A cause de vous, je n’ai pas pu prendre le
tableau en entier !
- Je prends en photo mes enfants, c’est pour l’ambiance…
- Je ne prends pas en photo, c’est pour « agrandir ».
- C’est égoïste. C’est inadmissible !
- Mais puisque c’est la Journée du Patrimoine, les
photos sont gratuites, non ?
- Il y a un arrêté préfectoral autorisant les
photos.
Quelques petites choses aussi, concernant les
enfants. Laissés en électrons libres… le musée étant au choix, la cour de l’école,
un terrain de jeu (avec possibilité de jouer au ballon), ou un centre aéré.
- Mais alors, ici, chaque parent doit surveiller
son enfant ?
- Mais j’ai payé !
- Madame, votre enfant hurle depuis 5 bonnes
minutes. Relayez-vous, avec votre mari.
- C’est inadmissible ! J’AI PAYÉ !
et ce parent à qui on demandait de tenir son enfant (moins de 3 ans)
- Je n’ai pas pris ma laisse !
Là, j’avoue avoir trouvé la parade, en leur disant
qu’ils avaient leurs épaules.
Bien entendu, nous suivons aussi les groupes des visites
guidées. Outre le fait que des personnes puissent s’approcher des
œuvres et ainsi les toucher, involontairement, nous évitons les « incrustes » car tout de même à 1€ la
visite, qui dure une heure, c’est une ruine.
Chacun de nous avait sa technique. Pour ma part, en
fonction du moment de l’incruste, je variais mon discours.
Au début de la visite, je demandais "s’ils voulaient
en faire partie…"
Au milieu du circuit, c’était "vous verrez mieux quand le groupe sera parti"
Au milieu du circuit, c’était "vous verrez mieux quand le groupe sera parti"
Et à la fin, "qu’il y avait une vidéo, très bien
faite, qui leur donnerait une idée de l’exposition".
Sachant que 70 œuvres étaient exposées, il y avait
de quoi faire.
- Mais c’est la visite qui me suit.
- J’ai mal au genou, ça m’aide à comprendre.
- Mais si je ne parlais pas français, je ne
comprendrais rien !
Et dans le même esprit…
Hochement de tête (je ne comprends pas ce que vous
me dites).
Nous disons donc la même phrase en anglais.
Hochement de tête (je ne comprends pas ce que vous
me dites)… « japonais ».
Et notre gardienne de dire une phrase en japonais…
et le visiteur de répondre en français.
Nous avions donc un film. Une vidéo, comme je l’ai
dit, fort bien faite –ce qui est étonnant- (même les enfants étaient intéressés
–c’est tout de même une preuve !-) sous-titrée en anglais.
Un monsieur parlait très fort. Gênant.
- Pourriez-vous parler moins fort, s’il vous plaît ?
- Pourquoi ? puisqu’il y a des sous-titres.
- Certes, mais les sous-titres sont en anglais.
- Mais il y a des sous-titres !
Et puis en vrac…
Un monsieur qui avait enlevé ses chaussures (ce qui
est courant, si si) et à qui nous demandions de les remettre.
- Pourquoi ?
- Parce que c’est une question de correction, c’est
normal.
- Mais qu’est ce que la « normalité » ? hein ? qu'est-ce que la normalité ?
- Ce sont des originaux ? (curieusement, cette question nous a été posée à de nombreuses reprises)
- Ils valent combien, les tableaux ? plus de
1000€ ?
- Elle est où, la Joconde ?
Une femme affolée..
- Vous avez vu Patrice ?
(j’avoue que je suis restée perplexe sur cette
question, et encore plus de la tête de cette femme devant mon air ahuri)
Une femme bouleversée…
- Mais c’est moi, ce tableau !!!
(…heu…comment vous dire… le matin au réveil,
peut-être ? et encore… -je n’ose mettre la photo du dit tableau-)
Ce monsieur ayant décidé de descendre au rez-de-chaussée du musée en glissant sur
la rampe d’escalier…
- Madame, ne touchez pas aux tableaux, s’il vous
plaît !
- Ah ben non ! mais je ne les touche pas tous,
vous savez !
Enfin, nous avons eu quelques petites choses supplémentaires,
dues à ce 1er dimanche du mois (le musée est gratuit –sauf l’exposition
temporaire-, les magnifiques journées Paul Valéry (3 jours) cadrant avec la
journée du Patrimoine. Notre record : 1500 personnes en ce beau dimanche ensoleillé.
Bien évidemment, outre notre fonction de
surveillance, nous avons aussi celle de bureau de renseignement.
- L’exposition Miró, c’est par là, Madame, au 1er
étage.
- Non, mais je veux faire pipi !
- Et bien, c’est pareil, c’est la même direction.
- Je veux faire pipi… et peut-être même caca !
Eh oui, le genre humain est très… « varié ».
Je pense qu’il vaut mieux le voir ainsi.
J’ai quitté le musée, et suis partie en même temps
que Miró. Etrangement, ça m’a fait bizarre de quitter ces toiles qui ne m’appartiennent
pas. C’est comme ça.
Je resterai malgré tout avec la pensée de ces
enfants dessinant par terre, refaisant les tableaux de Miró, avec plus ou moins
de bonheur (mais après tout, j’en ai fait autant !) et leur imagination débordante.
J’ai aimé entendre ces titres :
« Le jongleur des étoiles »
« Le A qui danse »
ou « La danseuse dans les nuages ».
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